La folie d'Alger et les commandos Delta
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les commandos delta à alger
Depuis la première grande manifestation européenne du 6 février 1956 on avait souvent dit qu'Alger était pris de folie passagère. On avait comparé la ville à un chaudron bouillonnant, à un grand malade sujet aux accès de fièvre. Tous ces termes étaient dépassés. Le père de famille qui, le matin, quittait les siens, la ménagère qui partait pour le marché, le bidasse qui prenait la patrouille, ne savaient pas s'ils reviendraient vivants. Pas plus que la fatma qui allait faire ses ménages en quartier européen ou le docker qui prenait son travail sur le port. La folie était devenue permanente. La mort rôdait à chaque coin de rue. Et encore... le pire restait à venir !

Les grandes figures des commandos Delta venaient de tous les milieux. Lâchés dans la nature avec armes, argent et droit de vie ou de mort sur leur prochain, ils étaient peu disposés à se mettre au garde-à-vous, le petit doigt sur la couture du pantalon ! Seuls, investis d'une mission, ils se sentaient des rois... Certains l'étaient. Comme Jésus de Bab-el-Oued, un chauffeur de taxi, petit, trapu, râblé, inquiétant. Il avait commencé par les plastiquages. Au coeur de Bab-el-Oued, protégé par la population des petits Blancs d'origine espagnole et maltaise, il régnait, décidait, tranchait avec une autorité souveraine. Qui aurait osé s'attaquer à Jésus de Bab-el-Oued ! Au vu et au su de tout le monde, dans un bistrot de la Baseta, il débitait, de sa main droite au doigt coupé, des pains de plastic sur le comptoir et les confiait à ses hommes.
Mais c'est dans I'opération ponctuelle que Jésus et sa troupe donnaient leur pleine mesure. Un mot du chef suffisait et la victime désignée tombait, une balle dans la tête. Quant aux musulmans, le centre de Bab-el-Oued leur était pratiquement interdit. Depuis les ratonnades de septembre à Oran et à Alger, provoquées par l'assassinat à Oran d'un coiffeur juif le jour de l'an israélite, un climat de racisme et de violence extrême régnait sur le quartier populaire, climat que Jésus entretenait à plaisir. Leurs crimes seront si nombreux que même les membres des autres commandos Delta les leur reprocheront.

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Terrorisme du désespoir